Un thé au Sahara

Alors qu’il observait le paysage se dérouler sous l’ardeur du soleil, il eut un bref aperçu du rêve qui le tourmentait depuis un certain temps. Presque immédiatement, un sourire s’esquissa sur son visage ; il venait de le saisir. Le train, accélérant toujours, n’était qu’une métaphore de la vie elle-même. L’oscillation entre le « oui » et le « non » représentait l’attitude inévitable de celui qui cherche à évaluer le sens de cette existence, l’indécision traduisant instinctivement un refus de s’y engager. Il s’étonna de sa propre émotion ; c’était un rêve classique. Tous ses éléments lui étaient clairs. Leur signification spécifique à son égard importait peu. Depuis un moment déjà, pour éviter de s’embrouiller dans des valeurs relatives, il avait refusé à tout événement de la vie toute notion de dessein – c’était plus simple et réconfortant.

Juste après la Seconde Guerre mondiale, un couple fortuné d’Américains débarque dans un port du nord de l’Afrique avec pour objectif de rejoindre le Sahara, espérant ainsi donner un nouvel élan à leur mariage de onze ans. Tunner, un dramaturge et ami du couple, se joint à cette aventure qui se transforme en un véritable cauchemar. Peu préparés, ignorants des réalités locales, le trio se retrouve confronté aux chocs du dépaysement : maladies, solitude, tromperie et folie.

Paul Bowles excelle à dépeindre le désenchantement de l’âme humaine et ses intrications de manière captivante.